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Handinterdit

31 mai 2006

représentation des handicapés

La représentation de la personne handicapée

Beaucoup de choses ce mois ci ont peut-être retenu votre attention. Pour ma part, j’ai été baladé d’émotion en émotion, entre le bonheur et l’amertume... Côté bonheur, les JO Paralympiques de Turin nous ont comblé. D’abord, par les performances des équipes françaises et leurs excellents résultats. Avec un total de 15 médailles, 7 d’or, 2 d’argent et 6 de bronze, la France se classe 4ème des Jeux Paralympiques d’hiver Turin 2006, derrière la Russie, l’Ukraine et l’Allemagne. Au-delà des performances, nous avons pu apprécier une meilleure couverture médiatique, qui nous a peut-être fait découvrir des sports (le hockey, par exemple...). J’ai été pour ma part très ému par le reportage de France 2, portrait d’Yves Maréchal, entraîneur passionné et gros de cœur de l’équipe de France de ski nordique. Une meilleure médiatisation est le début d’une reconnaissance. Par ailleurs, le ministre des sports, Jean François Lamour, en doublant les primes aux athlètes, s’inscrit dans cette reconnaissance de l’athlète handicapé. Pour en connaître certains, il est intolérable d’en voir beaucoup qui galèrent pour boucler leur budget de saison. Les athlètes handis ont besoin d’une vraie reconnaissance, comme leurs alter ego valides. Mêmes passions, même goût de l’effort, mêmes sacrifices, mêmes compétiteurs avides de gagne, et pourtant à encore des années lumières de la reconnaissance de la société...Pour en finir avec les JO, coup de chapeau à Alain Margueretaz, qui revient de Turin avec une superbe médaille de bronze. Il semble qu’à 43 ans, le champion ait vu ses derniers JO ; sa sortie n’en est que plus flamboyante !

Côté amertume, c’est le sujet perpétuel : la représentation de la personne handicapée... je sais, vous allez dire que j’y reviens souvent et qu’il y a des sujets plus préoccupants, plus graves – mais quand même... Là, c’est le Conseil Général de l’Hérault qui s’y colle (ou son agence de communication), à l’occasion de la mise en place de la Maison Départementale du Handicap. Une campagne, dans tout le département et sur tous les supports publicitaires citadins (4 par 3, sucettes, etc...) fleurît depuis quelques semaines. On y voit les coordonnées de la Maison du Handicap, sur la droite ; et sur la gauche, une magnifique photo représentant un petit canon tendance Christina Reali (la belle brune brésilienne, épouse de Francis Huster, qu’on ne voit plus guère que dans les pubs de shampoing), assise sur le fauteuil que remboursait la Sécu à ma grand-mère, souriante de toutes ses dents et le regard vers un avenir meilleur, avec son ami (amant ? mari ? frère ? ou tierce personne peut-être ?), devant une fenêtre ouverture (vers ce même avenir radieux...).

J’émets un doute sur la condition de personne handicapée de la ravissante, mais je me demande surtout pourquoi les campagnes de communication des institutionnels ont tant de mal à faire apparaître des personnes handicapées visiblement. Les Maisons Départementales du Handicap sont là pour faciliter la vie des personnes handicapées (une promesse qui devra être vérifiée). Si un institutionnel souhaite – avec raison – communiquer sur le thème du handicap vers l’ensemble des citoyens, parfait ; c’est qu’elle souhaite « intégrer » par sa communication les personnes handicapées dans la cité. Alors, que ces mêmes institutionnels (ou leurs agences de communication) arrêtent de faire appel à la mode et au diktat du « beau » ou du « glamour », parce que ça ne fait pas avancer les choses. Faîtes voir au grand public des fauteuils réels, électriques ou manuels. Faîtes voir des personnes dont le handicap est visible. Et habituez le grand public à nous voir tels que nous sommes, et non tels que vous nous rêvez...

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